Ce 18 janvier, dans le cadre de l’appel national ci-dessous, un rassemblement a eu lieu devant l’hôpital E. Herriot. L’occasion pour le collectif pour le maintien de l’hôpital Henry Gabrielle à St Genis Laval de se faire entendre, ainsi que celui en défense de l’hôpital de Voiron. L’article de l’Anticapitaliste sur cette lutte est en dessous de l’appel national :
Dans les villes comme à la campagne, le manque de soignant-e-s de proximité accentue la dépendance aux services hospitaliers, eux-mêmes de plus en plus en difficulté, quand ils ne sont pas tout simplement fermés. Les déserts sanitaires s’étendent. Sept millions de personnes sont sans médecin traitant. Des urgences saturées, des délais d’attente trop longs pour une consultation, une hospitalisation, une chirurgie font courir des risques de complication et d’accidents aux patient-e-s, parfois fatals.
Cet été, un tiers des services d’urgence ont fermé ou limité leur activité. Près de 17 000 lits hospitaliers ont disparu depuis la crise Covid. Cette crise est le fruit des politiques menées depuis des années, de budgets contraints, toujours inférieurs aux besoins réels, en particulier pour l’hôpital, conduisant à un déficit structurel et à une dégradation continue des conditions d’accueil et de soins. Ces conséquences sont telles que les soignantes et les soignants sont aujourd’hui épuisé-e-s, découragé-e-s et pour certain-e-s partent.
Face à cette crise aux conséquences dramatiques, le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2025 prévoyait un nouveau coup contre l’hôpital public et notre système de soins en fixant l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM) à 2,8%, niveau ne permettant pas d’envisager une quelconque amélioration. Rappelons que la Fédération hospitalière de France chiffrait à 6% la hausse de l’ONDAM des établissements de santé nécessaire pour faire face aux besoins les plus urgents.
Il est possible de trouver les moyens nécessaires à l’hôpital public en mettant à contribution les plus fortunés et les grandes entreprises. De nombreuses initiatives et propositions unitaires ont vu le jour pour le droit à la santé.
– Les initiatives du Tour de France pour la santé pour l’hôpital et un service public de santé de proximité contre les déserts médicaux ou le 100% Sécu contre l’explosion du prix des mutuelles et les inégalités sociales de santé.
– La mobilisation de plus de 3000 soignant-e-s et de Médecins du Monde pour défendre l’Aide médicale Etat (AME) des sans-papiers.
– Les initiatives de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité ou des usager-ère-s, soignant-e-s et maires de Bretagne contre les fermetures d’urgences, de lits, de maternité…
– Celles de la Convergence des Services publics et du collectif Nos services publics pour la défense du service public de santé et de la Sécurité sociale.
– Les luttes syndicales et des personnels qui se multiplient pour obtenir des embauches, un plan massif de formation, de meilleures conditions de travail, de meilleurs salaires dans un secteur très féminisé et mal payé, l’ouverture de lits en fonction des besoins. Tout cela pour leur permettre d’assurer un accueil et des soins de qualité.
– Plusieurs propositions de loi parfois déjà votée par le Sénat de façon transpartisane telle que celle relative à l’instauration d’un nombre minimum de soignants par patient-e. hospitalisé-e, ainsi que la proposition de loi pour lutter contre les déserts médicaux.
Dès maintenant, nous appelons à participer aux rassemblements devant les hôpitaux le 18 janvier prochain là où ils sont organisés.
Nous appelons citoyen-ne-s, usager-ère-s du système de santé, soignant-e-s en souffrance, syndicats, associations et collectifs, mutuelles, partis politiques et élu-e-s à se mobiliser pour assurer le droit à la santé, et un budget de la Sécurité sociale qui répare l’hôpital public et donne les moyens d’un accès aux soins de proximité, pour toutes et tous, sur tout le territoire.
Tour de France de la santé
Signataires : Appel des appels, ATTAC France, Collectif Inter Hôpitaux, Collectif Inter Urgences, Collectif des Médecins généralistes pour l’accès aux soins, Collectif Tenon pour l’IVG, Comité de défense de l’hôpital de Concarneau, Comité de vigilance des services publics de Haute-Saône, Comité ivryen pour la santé et l’hôpital public, Fédération Sud santé sociaux, Femmes solidaires, Fondations Copernic, La Carmagnole 34, La Criée, Le Point de Capiton, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Médecins du monde, Printemps de la psychiatrie, Syndicat de la médecine générale, Syndicat national des jeunes médecins généralistes, Tour de France pour la santé, Union syndicale de la psychiatrie, Victoires populaires.
Le 21 novembre 2024 au soir, la garde de nuit n’a pas commencé. Or, à Voiron, 26 patientEs attendent encore d’être hospitalisés aux urgences, 12 à l’unité d’hospitalisation de courte durée, 14 sont dans les couloirs et 20 attendent des transferts. Après 20 heures, il n’y aura plus d’admission puisque les urgences sont fermées 5 nuits par semaine.
Et aux urgences de l’hôpital Nord à Grenoble, il y a en moyenne 100 patientEs, souvent plus de 130 pour une capacité de 55, les services d’hospitalisation sont déjà débordés.
À la suite du décret réformant les études des internes (examen plus dur et passage de 3 à 4 ans d’internat), le personnel soignant tente de réorganiser les gardes après leurs départs début novembre, au nombre de 1 510 en France, dont 6 à Voiron.
Des solutions, il y en a…
Face à cette situation, les hospitalierEs demandent la réouverture d’une unité de 30 lits et d’un bloc opératoire pour les urgences chirurgicales, restés inutilisés depuis l’ouverture du nouvel hôpital de Voiron en septembre 2021. Ils proposent des renforts aux soins intensifs, au laboratoire de biologie médicale très sollicité par les urgences et de sécuriser les contrats de leurs collègues Padhue (Praticiens diplômés hors Union européenne), qu’on surexploite dans les services.
Mais la direction refuse d’embaucher pour des raisons strictement budgétaires. Elle ose ne pas renouveler certains contrats médicaux et non médicaux au service brancardier, aux archives, à la pharmacie, etc.
En réponse au refus, le Syndicat national des médecins hospitaliers FO, l’USPSY (Union syndicale de la psychiatrie) et l’AMUF (Association des médecins urgentistes de France) ont appelé la population à l’aide lors d’une opération « village de tentes chez la directrice à partir du 10 décembre, reconductible les 11, 12... jusqu’à satisfaction des revendications ».
Le Collectif Santé voironnais, créé à l’initiative du NPA Isère était présent pour représenter les usagerEs inquietEs de la dégradation du système de santé public et en particulier du fonctionnement de l’hôpital de Voiron.
La CGT du CHU a travaillé à l’élaboration des revendications communes aux personnels médicaux et non médicaux, était présente à la conférence de presse du 9 décembre et soutenait l’action.
Embaucher et refuser les économies
Malheureusement, l’appel a été peu suivi du fait que ce syndicat n’a pas pu participer au village de tentes car déjà mobilisé par une grève du personnel de l’IBP (Institut de biologie et de pathologie) pour que la direction prenne au sérieux des émanations qui mettent à mal leur santé.
Il faut refuser les 10 milliards « d’économie » sur la santé, imposer la suppression du numerus apertus pour former les médecins en nombre suffisant, embaucher les 5 000 Padhue dont certains sont menacés par une OQTF (Obligation de quitter le territoire français), revaloriser les salaires, etc.
Pour cela, seule une mobilisation massive, unissant les soignantEs avec leur intersyndicale et les usagerEs sera à même de l’imposer.