NPA 69
  • Semaine de soutien au peuple ukrainien : film débat "Isolation" jeudi 20 février à 20h30

    13 février 2025

    au cinéma Lumière Bellecour, rue de la Barre, Lyon 2ème
    pour réserver : https://www.cinemas-lumiere.com/film/isolation-624642.html

    Ce film a obtenu le Prix du Jury professionnel du Festival du film d’histoire de Pessac en 2024.
    La projection sera suivie d’un débat avec Igor Minaev, réalisateur d’origine ukrainienne

    « Isolation » (Izolatsiya), le dernier film du réalisateur d’origine ukrainienne Igor Minaev, est un drame en trois actes qui frappe fort et juste. Un documentaire implacable réalisé par un cinéaste qui ne se définit pas comme documentariste car son œuvre de fiction témoigne d’autres cordes à son arc. Il donne ici à voir avec rigueur, sur la base d’archives inédites et de témoignages, les métamorphoses d’un même lieu qui fut successivement fleuron de l’industrie soviétique du Donbass puis centre d’art contemporain de l’Ukraine indépendante et enfin, depuis 2014, immense centre de torture au service de l’invasion poutinienne, surnommé par d’anciens détenus « le Dachau de Donetsk ».

    Unité de lieu, comme au théâtre, mais il s’agit de l’histoire réelle de l’Ukraine, des mensonges qui lui furent jadis imposés, de ses efforts d’émancipation, de la guerre qui lui est infligée.

    1955 à Donetsk : l’usine

    Une usine de matériaux isolants (d’où son nom : Isolation) est mise en service et devient, dans les années 60, un centre industriel majeur du Donbass. La propagande soviétique ne lésine pas sur la glorification du bonheur ouvrier au pays du « socialisme réellement existant ». L’usine, comme beaucoup d’autres, ne survit pourtant pas à l’effondrement de l’URSS. Devenue propriété privée, Isolation finit par fermer en 1990, à l’aube de la « décennie maudite » qui voit, dans l’ex-Union soviétique, le capitalisme sauvage, ses oligarques et ses alliés mafieux annexer et ravager le tissu industriel.

    2010 : l’art et la renaissance

    La fille du dernier directeur de l’usine rachète les murs des ateliers depuis longtemps à l’arrêt et y crée un centre d’art contemporain qui acquiert rapidement une grande renommée, en Ukraine et à l’échelle internationale. Le site conserve son nom, Isolation, mais devient un formidable point de rencontre et de création d’artistes du monde entier.

    L’Ukraine désormais indépendante revendique et affiche sa modernité. Des quatre coins du globe convergent des sculpteurs, des peintres, des auteurs d’installations qui viennent célébrer sur place la créativité, l’hospitalité et le désir de liberté ukrainiens : le plasticien chinois (exilé) Cai Guo-Qiang, le français Daniel Buren, le père de l’école photographique de Kharkiv Boris Mikhaïlov, l’artiste multi-média mexico-canadien Rafaël Lozano-Hemmer et bien d’autres ainsi que nombre de jeunes artistes ukrainienNes aux talents des plus prometteurs.

    2014 : la terreur

    En cette année d’annexion de la Crimée par Poutine et d’intenses opérations armées de déstabilisation du Donbass, pilotées par le régime russe, les séparatistes de la « République populaire de Donetsk » font main basse sur les locaux. Ils saccagent les lieux et détruisent les œuvres qui y sont exposées, qualifiées de « dégénérées » et de « pornographiques ». Les archives filmées que montre Igor Minaev donnent un aperçu de la brutalité et de l’insondable bêtise de ce fascisme bas de plafond : sidérant !

    Isolation devient, entre les mains des séparatistes et sous la supervision des services russes, un véritable camp de concentration et un immense centre de torture. On sait que, dans les territoires temporairement occupés par les troupes poutiniennes, exactions et tortures furent et sont encore monnaie courante. A Isolation, les tortionnaires agissent à une échelle inédite : les témoignages de quelques rescapéEs sont glaçants.

    Le film d’Igor Minaev ne se contente pas de documenter rigoureusement les crimes commis dans les geôles de Donetsk : il montre aussi la bestialisation de geôliers ivres de toute-puissance et d’impunité. Et, plus impressionnant que tout, le courage résilient de celles et ceux qui sont passéEs par ces cercles de l’enfer.

    extraits du blog Médiapart de

    Sophie Bouchet-Petersen , secrétaire générale d’Ukraine CombArt

    Mariana Sanchez, Comité français du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine