NPA 69
  • EN AUVERGNE ET PARTOUT : NO BASSARAN ! Retour sur la mobilisation du 11 mai

    26 mai 2024

    Un article écrit par nos camarades de l’Allier pour le journal hebdomadaire du NPA :

    L’accaparement de 2.3 millions de m3 d’eau : c’est le grand projet de Limagrain dans la plaine de la Limagne (Puy-de-Dôme), et de 36 agriculteurs (le département compte 5 742 exploitations agricoles), qui pourrait être grassement subventionné par l’argent public.

    Loin de la petite coopérative dont il est issu historiquement, le monstre de l’industrie « agricole », est, depuis sa création, le promoteur actif du productivisme dont la planète et les humains, et particulièrement les paysans eux-mêmes, subissent les conséquences de plein fouet.
    4e semencier mondial, la multinationale française, en pointe de l’agro-industrie avec ses 2.5 milliards de chiffre d’affaires, a fini par soumettre les agriculteurs à son pouvoir : achat de semences, contrôle des méthodes de culture, la dépendance est totale.

    Les terres locales sont déjà ravagées par la monoculture et l’agriculture dite de “conservation" qui tue toute la surface de la terre à grands coups de glyphosate pour éviter de la labourer.
    Cette technique empêche toute vie végétale ou animale : l’agriculture intensive épuise les sols et, dans un cercle vicieux, renforce sa propre dépendance aux intrants chimiques.

    Augmenter la production au service du profit : c’est bien l’objectif de ceux qui cherchent à privatiser l’eau. Pour les agriculteurs qui hésiteraient, la FNSEA martèle que c’est grossir ou mourir. Et grossir passe par le vol de l’eau pour faire pousser du maïs, inadapté au climat local, qui ira nourrir du bétail à l’autre bout du monde.

    Près de Clermont, une autre multinationale surexploite déjà la ressource : Danone, pour la commercialisation de l’eau de Volvic. À mesure des années et face aux restrictions de consommation d’eau potable qui se multiplient pour les particulierEs, la grogne monte face à l’accaparement par le vendeur de bouteilles en plastique, qui ne semble pas connaître la crise qu’il alimente pour augmenter ses profits…

    Le projet délirant de mégabassine(s) de Limagne est le plus grand de France : Sainte-Soline n’est tristement qu’une baignoire en comparaison... Ce, alors que depuis des années les nappes ne se reconstituent plus suffisamment. L’eau coule au robinet, mais pour combien de temps, et à quel prix, alors que déjà régulièrement, certains villages font face à la pénurie ?

    Les réactionnaires et autres climatosceptiques tentent de faire croire au clivage “bobos des villes contre agriculteurs/trices”. Il n’en est rien et la mobilisation de 6500 manifestants le 11 mai, l’a bien démontré : à l’initiative du collectif « Bassines non merci 63 », des Soulèvements de la Terre, de la Confédération Paysanne, dont les tracteurs encadraient l’événement, des Faucheurs/euses Volontaires, et d’Extinction Rebellion, organisations syndicales du mouvement ouvrier, associations écologistes, partis de « toute la gauche », et surtout habitantEs de la campagne environnante et des villes, étaient présentEs pour défendre la terre, l’eau et le vivant, dans une ambiance festive. Sans provocation policière, l’événement a pu se tenir dans la convivialité, rassemblant toutes les générations.

    Alors que la journée se terminait en musique, entre buvette et stands, le message des organisateurs/trices et des participantEs était clair : nous sommes là alors que la mega-bassine est à l’état de projet, et s’il n’est pas abandonné, nous serons présentEs pour empêcher le premier coup de pelle !

    La crise climatique nécessite de préserver les ressources naturelles, les sols, et de garantir l’accès de touTEs à une alimentation locale de qualité. Cela passe d’une part par une agriculture paysanne rémunératrice, débarrassée de la domination de l’agro-business et d’autre part par la planification démocratique de la production industrielle en fonction des besoins, opposée à l’extractivisme.

    Pour la défense des communs, la mobilisation de masse peut gagner : no bassaran !